L'ORGUE À CHATS

Datant de 1883, l'illustration présentée sur cette page démontre parfaitement ce que l'imagination de l'homme, par le passé, aurait accompli. L'animal de compagnie, ici le chat, allait servir d'élément vivant pour élaborer un terrible instrument de torture : l'orgue à chats.

POUR LE MALHEUR DE QUELQUES CHATS...

Le chat a vécu bien des malheurs. C'était une proie vulnérable pour l'homme. Un temps, l'animal servira de fourrure lors des hivers rigoureux, avant d'incarner le symbole de la lubricité et du malheur… Même pire, en l'associant aux sorcières et autres démons ; un sort que bien peu d'animaux auraient revendiqué.

Conçu au 16ᵉ siècle, le principe de l’orgue à chat était fort simple. D'après divers ouvrages remontant à cette époque, l'instrument était composé d'un classique clavier et à l'autre extrémité d'une succession de boîtes suffisamment exiguës pour maintenir chaque chat prisonnier. Les queues des chats étaient fermement maintenues sous une touche différente de l’orgue en fonction de la particularité de son chant.

La suite, vous la devinez certainement. Lorsque l'utilisateur appuyait sur une touche, celle-ci venait écraser la queue d'un chat, qui poussait immédiatement un miaulement de douleur. Encore plus cruel, certains écrits font mention d’une aiguille qui, fixée à la touche du clavier, piquait la queue du chat !

LÉGENDE OU PAS

Serait-ce déjà une « fake news » ? En effet, Il n'existe aucune preuve tangible de la construction de l'orgue à chats, même si une légende raconte que l'instrument ait servi un temps pour soigner les personnes atteintes de démence. Cette dimension "thérapeutique "prendra de l’ampleur durant le 19ᵉ siècle, quand le théoricien Johann Christian Reil mentionna l'utilisation de l’orgue à chats dans un de ses traités de psychologie pour soigner des patients atteints de troubles mentaux. Un autre élément renforcera aussi la légende de cet instrument de torture : l'histoire d'un prince italien souffrant et miraculeusement guéri à la vue du spectacle de l’orgue à chats.

La religion ira de sa justification, sans condamner l'instrument. Il en sera question lors d’une procession donnée le jour de l’Octave de l’Ascension, à Bruxelles, pour laquelle un orgue à chat sera utilisé pour la première fois en l’honneur d’une image miraculeuse de la Vierge, à laquelle assistaient Charles-Quint et son fils Philippe II.

Le compositeur Jean-Baptiste Weckerlin (1821-1910), raconte cette histoire dans son "Nouveau Musiciana", expliquant que la simple vue de ce singulier instrument déridait le prince Philippe II à qui l'on prêtait de ne jamais arborer le moindre sourire.

Et comme les histoires les plus sordides semblent sans fin, en 2009, le court-métrage d'animation "The cat piano", d’Ari Gibson et d’Eddie White, s'inspire de l'orgue à chats pour alimenter son scénario.

The Cat Piano (sous-titres français)

Élian Jougla (05/2025)