QUAND LES MOUVEMENTS DU CORPS D'UN DANSEUR DEVIENT MUSIQUE
Imaginez un danseur dont chaque geste, chaque frémissement, se transforme en note de musique. Pas de partition, pas de répétition : seulement l’instant, le corps, et un piano qui répond en temps réel. C’est l’expérience fascinante proposée par Yamaha, dans laquelle la technologie et l’art se rencontrent pour créer une symbiose inédite entre mouvement et son.
UN DIALOGUE IMPROVISÉ ENTRE UN PIANO ET UN DANSEUR
L’idée de lier le geste à la musique n’est pas nouvelle. Dès les années 1930, le Terpsitone, dérivé du célèbre Thérémine, explorait cette piste en permettant à un danseur de produire des sons grâce à un plateau en bois sensible aux mouvements, via un champ électromagnétique. Mais aujourd’hui, Yamaha repousse les limites de cette alchimie en s’appuyant sur les avancées les plus récentes de l’intelligence artificielle et des capteurs ultra-sensibles.
Tournée lors d’un concert à l’Université des arts de Tokyo, la performance capturée par Yamaha révèle une collaboration audacieuse entre l’homme et la machine. Le danseur Kaiji Moriyama, équipé de quatre types de capteurs disposés sur son corps, devient le maître d’un orchestre invisible. Ses bras, son buste, ses jambes : chaque partie de son anatomie génère des groupes de notes, des glissandos ou des clusters, selon l’amplitude et la nature de ses mouvements. Ces données sont instantanément analysées par des ordinateurs, qui les transforment en une partition vivante, improvisée.
Le résultat est une musique contemporaine, à la fois libre et structurée en fonction des mouvements physiques du danseur. Pour ancrer cette improvisation dans une trame sonore cohérente, un petit orchestre à cordes — l’Ensemble Scharoun de l’Orchestre philharmonique de Berlin — accompagne le danseur, tandis qu’un piano à queue "Yamaha Disklavier" joue son rôle sans la moindre latence. L’instrument, connecté aux capteurs, réagit avec une précision quasi organique, comme s’il était une extension du corps du danseur.
Cette performance illustre ce que Yamaha qualifie de « moyens hybrides d’expression artistique » : une fusion entre la spontanéité du geste et la rigueur de la technologie. Un concept prometteur, qui ouvre la voie à de nouvelles formes de spectacles, au cours de laquelle la frontière entre danseur, musicien et machine s’estompe.
À travers cette expérience, l’intelligence artificielle prouve une nouvelle fois sa capacité à repousser les limites de la création, en offrant aux artistes des outils pour explorer des territoires inexplorés. Une révolution qui pourrait bien inspirer les scènes de demain.
LA VIDÉO DE LA PERFORMANCE (cliquer sur l'image)
Élian Jougla (09/2025)

